LE TRAIN A CREMAILLERE
La Belle Epoque.
Entre la fin du 18e et le début du 19e, Aix les Bains connait un important dynamisme notamment grâce à son thermalisme. De grandes fortunes viennent y passer leurs séjours et apprécier le faste de la ville. Notamment marquée par les passages de la Reine Victoria en 1883, 1887 et 1890, Aix les Bains, ville phare de la « Belle époque » est un lieu incontournable pour les touristes français et étrangers (cf article du 14 janvier 2022). C’est également à cette période que se démocratisent les séjours à la montagne et la pratique du ski : Le Revard connait alors à son tour une forte attractivité touristique.
En 1879, un certain Niklaus Riggenbach, co-fondateur du chemin de fer de Riggi en Italie (première ligne de chemin de fer de montagne en Europe) lance l'idée d’une création de ligne de montagne qui rejoindrait Aix les Bains à la station du Revard.
Un projet ambitieux.
Neuf ans après, Monsieur Bonna, maire de la ville rassemble un comité d’élus afin de réaliser une étude préparatoire à ce projet. La Société anonyme des chemins de fer de montagne se voit confier la concession du chemin de fer du Mont-Revard et entreprend sa construction avec notamment l’entreprise locale Léon Grosse : une construction qui durera 10 mois et mobilisera 1200 ouvriers, la plupart italiens.
Le train à crémaillère du Revard prend forme, mais comment fonctionne-t-il ?
Conçu pour arpenter des pentes à fort taux de déclivité, le train à crémaillère s’appuie sur un mécanisme de roues dentées qui s’encastrent dans un rail, appelé crémaillère, au centre, lui permettant une meilleure adhérence ; mécanisme que l’on retrouve également sur les manèges des parcs d’attractions.
La mise en service du train à lieu le 15 août 1892 et son inauguration en septembre de la même année, avec la présence de Jules Roche, sénateur de Savoie mais aussi ministre du Commerce et de l’Industrie. Tout d’abord exploitée du 1er mai au 15 octobre, la ligne comporte 2 à 6 trains et effectue 10 allers-retours par jour. La question se pose ensuite, à l’hiver 1908, de permettre le trafic du train en hiver avec pour objectif de faire de la station du Revard un lieu de loisirs incontournable de la région. On déneige manuellement la ligne pendant plus d’un an, puis à la déneigeuse, ce qui permis enfin l’exploitation annuelle du train.
Sa réputation n’est plus à faire et en septembre 1910, le train transporte un certain Armand Fallières, huitième Président de la République. L’engouement est grandissant et la fréquentation augmente considérablement faisant de ce train l’attraction phare de la vallée.
Une gestion difficile.
La station connaît ainsi un succès grandissant dont elle est peu à peu victime, en effet le nombre de voyageurs dépassent rapidement les capacités des trains. Pour exemple, le 19 janvier 1930, 888 personnes se présentent au départ d’Aix-les-Bains : on en transporte 676 dans 8 trains alors que la capacité théorique est de 540 places. Les 200 personnes restées à quai attendent près de 2 h 30 pour pouvoir monter au Revard. Le problème se pose également le soir, avec 861 voyageurs à redescendre.
Face à cette gestion difficile et l’arrivée de la route accessible aux automobiles, l’exploitation de la ligne disparait en 1937 et est remplacée par un téléphérique, plus moderne et permettant un débit de voyageurs plus important. Pour anecdote, le téléphérique fermera également 32 ans plus tard, en 1969, à la suite de la rupture du câble à une quinzaine de mètres de l’arrivée, sans toutefois créer d’accident grave.
Marquées par l’Histoire, les traces du train à crémaillère du Revard sont encore accessibles et visibles. Laissez-vous tenter par cette randonnée ponctuée d’anciens ouvrages d'art, et au sommet, prenez de la hauteur au belvédère du Revard et admirez le spectacle de la vue sur la ville et sur le lac du Bourget.